Nichée au cœur de 19 hectares de bois et de prairies, à 15 minutes de Figeac, la propriété des Granges de Murel est en vente chez Agence Hamilton. Ce superbe domaine a bénéficié d’une restauration de haute qualité imaginée et orchestrée par Claudie et Daniel, ses propriétaires, depuis douze ans. Précurseurs, ils nous ont parlé durabilité, écologie, rénovation, matériaux, réemploi et seconde main mais aussi de leurs choix de vie et de leur détermination pour parvenir à faire de cette ancienne maison de tanneurs du 19ème siècle, située à 304 mètres d’altitude en Aveyron et à deux pas du Lot, un exemple de restauration éco-naturelle.
Car oui, si l’on y vivait il y a douze ans habillés de vêtements chauds malgré les flambées de cheminée, c’est aujourd’hui une toute autre ambiance qui se dégage ici.
La douceur d’une atmosphère saine
C’est encore en bleu de travail que Daniel, le propriétaire des lieux, commence à nous raconter l’histoire des Granges de Murel. Pourtant, il n’a pas le temps – “le chantier n’attend pas”. Le chantier dont il parle, c’est la fin de l’aménagement des chambres d’hôtes haut de gamme qui ont ouvert en août, sur 476 m², dans l’ancienne étable du domaine en pierres d’Occitanie. Mais la passion l’emporte toujours et l’histoire qu’il partage avec nous mérite qu’on prenne le temps. Alors, dans une ambiance chaleureuse, entourés d’une décoration élégante et raffinée pensée par Claudie, décoratrice d’intérieur, il nous explique ce projet fou et hors du commun des Granges de Murel : “rénover cette propriété avec au maximum des matériaux nobles, de très haute qualité et au maximum écologiques”.
Nous écoutons les détails de l’histoire de ce lieu dans un environnement extrêmement sain, doux, lovés dans des fauteuils bergère crème. En contemplant les dix-neuf hectares de végétation à perte de vue, depuis les immenses baies vitrées de la véranda, nous comprenons que le confort dont nous profitons ici aujourd’hui est le fruit de douze années de travail méticuleux et engagé.
Le souci du détail, jusqu’au boutiste
Ne jamais négliger le souci du détail dans les 818 m² de surfaces à rénover : c’est l’ambition des propriétaires, dès leur installation en 2011 dans cette propriété qu’ils ont appelé Les Granges de Murel, avec leur élevage de Haflinger qui broutent dans les prés du domaine. Et le souci du détail se cache partout ici, jusque derrière ce qui ne se voit pas : les murs, les plafonds, les sols.
L’isolation, par exemple, est réalisée en laine de bois, laine de mouton et panneaux de fibres-gypse de Fermacell. “Le produit Fermacell n’a aucune émanation (Ndlr. Il ne contient pas de solvant ni de liant et il est uniquement fait à base d’eau). Pour les gens qui sont très sensibles, il y a des choses que l’on ressent à l’intérieur des maisons. Ici l’air est très sain et on s’en rend vite compte” explique Daniel. “Le Fermacell a l’avantage d’avoir une forte résistance mécanique avec un classement coupe feu M0. Il conserve aussi mieux la chaleur et c’est idéal pour une meilleure isolation thermique. Son seul inconvénient est peut-être son poids” nuance Daniel. Et dans la lignée directe de la pensée éco-responsable qui les a poussés à choisir ce produit plutôt qu’un autre, tous les panneaux de Fermacell et les matériaux d’isolation ont été commandés “au plus proche du chantier”, en Aveyron.
Une restauration dans les règles de l’art
Pendant six ans, maçons, plombiers, charpentiers, couvreurs, électriciens, chauffagistes, menuisiers en aluminium accompagnent les propriétaires et exécutent avec passion la restauration du bien. Douze ans plus tôt, le chien assis de la façade s’effondrait, aujourd’hui même le pigeonnier, situé à quatorze mètres de hauteur au centre du bâti, est restauré en chambre d’amis. Au total, vingt-cinq pièces ont été aménagées, toutes dans les règles de l’art, avec un agencement méticuleux permettant de conserver à la fois une intimité familiale et une partie professionnelle annexe de maison d’hôte.
Ces “artisans exceptionnels” dont les propriétaires sont extrêmement reconnaissants ont respecté les exigences de Daniel et Claudie à la lettre “quitte à ce que cela prenne du temps”. Daniel se souvient : “J’ai parfois frôlé le ridicule comme quand j’ai appelé deux bétonneux pour leur demander s’ils pouvaient me faire une toupis de chaux pour la cave”. Finalement, faute de mieux, Claudie, Daniel et un de leurs amis réalisent la totalité de la chape, seuls, à la bétonnière. “Il faut dire que je suis jusqu’au boutiste dans le détail” explique Daniel, avec conviction.
Mais c’est aussi grâce à cette détermination que l’ensemble des matériaux utilisés offre aujourd’hui une acoustique incroyable, une atmosphère extrêmement douce et garantit une durabilité inestimable au lieu, du sol au plafond. Pour les toitures de la propriété, 60% des tuiles anciennes ont été restaurées, sondées et ré-installées pour conserver le charme d’antan des lieux. La cave, elle aussi, a eu droit à une rénovation 100% écologique avec sa chape à la chaux réalisée par hérisson et ses pierres scellées à la barbotine sur une roche naturelle.
Sur l’ensemble de la propriété, c’est donc 95% des matériaux utilisés qui sont naturels mais Daniel tient à tempérer : “Au maximum, nous avons utilisé des matériaux naturels, mais nous n’avions pas non plus envie de devenir esclaves de ces matériaux. Nous aurions pu privilégier des menuiseries en bois naturel, mais nous ne souhaitions pas avoir à entretenir l’ensemble tous les ans.” C’est ainsi que Daniel résonne : lier la restauration éco-naturelle à une philosophie de vie, allier des matériaux naturels avec des matériaux durables dans le temps. “Je n’ai pas voulu aller trop loin seulement pour pouvoir dire “je suis à 200% écolo”. Non, moi, je suis pour l’écologie, mais je souhaite rester en accord avec une certaine logique et une ergonomie dans le lieu à restaurer.”
Évidemment, le propriétaire ne cache pas que tout cela a un coût : “Il ne faut pas se voiler la face, cela revient plus cher d’utiliser des matériaux naturels. Mais le retour sur investissement sera très bon. Nous, on commence à en voir les prémices aujourd’hui, après douze ans sur la propriété.”
Un diagnostic énergétique remarquable
“Le diagnostiqueur qui est venu faire le bilan énergétique de la propriété nous a dit qu’il n’avait rien vu de tel en vingt ans de métier et très rarement vu ces techniques de réalisation dans des biens anciens” explique avec fierté et émotion le propriétaire. Il faut dire que la facture annuelle de chauffage pour le lieu est remarquable. “J’en étonne plus d’un quand je donne le coût annuel de l’électricité pour la bâtisse” nous confie Daniel. Le montant est inférieur à 4000€ pour une propriété de 818 m² (Ndlr. 3850€ pour l’année 2022. Pour l’instant, ce montant ne couvre pas la partie des chambres d’hôtes qui sont encore en travaux mais qui seront équipées de la même technique de pompe à chaleur Stibeel Eltron).
Le domaine du 19e siècle affiche ainsi un diagnostic énergétique en C pour l’ensemble de ses 25 pièces dont 8 chambres. “À l’époque, on me disait qu’il était impensable de mettre une pompe à chaleur dans une propriété de cette superficie. Mais j’ai fait des calculs et j’ai cherché à comprendre pourquoi l’on ne me recommandait pas cette solution. À force de me renseigner, j’ai privilégié cette technique d’énergie renouvelable qui allait dans le sens de mes convictions”. Les planchers en bois ont eux aussi été renforcés par des planchers intermédiaires en liège pour ne pas que la chaleur du salon aille jusqu’aux chambres. Pourquoi le liège ? “Car il est naturel et qu’il isole très bien les pièces entre elles, thermiquement et phoniquement” explique Daniel avec passion et pédagogie.
Néanmoins, le propriétaire s’attendait à un meilleur classement sur son DPE : “J’étais persuadé que l’on pouvait s’approcher du B” nous confie t-il avec une légère déception. Mais les critères du DPE comprennent l’ensemble de la propriété, dont un atelier de poterie et un bureau professionnel, raccordés sur le système de chauffage de la maison. Il reste cependant conscient de la prouesse d’obtenir un classement en C pour une bâtisse de cette époque et estime que l’essentiel à retenir est ce que l’on ressent dans cette propriété : “Ma satisfaction se focalise sur le bien-être que l’on a tous dans cette maison, sans avoir des surcoûts de chauffage comme on pourrait en avoir dans ce type de bien”. Il ajoute avec une logique remarquable : “Pour moi, c’est le résultat qui compte. Respirer sainement dans une maison, avoir une chaleur bien répartie dans l’ensemble des pièces, ne pas avoir de surchauffe dans certains endroits ni d’écarts de températures à d’autres.” Tout cela est ce qui permet à Daniel et Claudie d’être convaincus du bien fondé des matériaux qu’ils ont privilégiés pour leur restauration. “Il y a une certaine satisfaction à titre personnel d’avoir fait tout ça : d’avoir rénové Les Granges de Murel avec des matériaux de qualité et naturels.”
La décoration au coeur de leur philosophie de vie
“On a vraiment cherché à garder l’esprit de la maison dans sa conception, aussi bien que dans la décoration.” explique Claudie, décoratrice d’intérieur. “Par exemple, dans les chambres d’hôtes, on a une tête de lit qui est l’ancienne porte de la grange. Certains volets anciens qui étaient en bon état ont été utilisés pour faire des têtes de lit dans d’autres chambres. J’ai essayé au maximum de réutiliser un certain nombre de meubles en leur redonnant leurs titres de noblesse.”
C’est ce savant mélange entre des objets tendances, modernes et des meubles anciens qui permet d’offrir au lieu une authenticité préservée et un confort de qualité. Dans le même sens, certains murs en pierre ont été conservés dans la bâtisse : “on est venus en Aveyron car nous étions amoureux de ses pierres, nous ne pouvions donc pas isoler chaque mur. Nous voulions conserver la beauté de certains éléments”.
Cette volonté de conserver l’ancien, de lui redonner de sa superbe a aussi permis à l’ancien escalier de l’entrée principale d’être rénové “On a choisi de le restaurer, de lui redonner son éclat en y ajoutant un luminaire très contemporain en son centre”. Et c’est ainsi que l’escalier monumental devient à lui seul un élément de décoration à part entière. Claudie ajoute avec engagement et conviction : “Il faut garder ce qui est encore valable, tout en redonnant une âme aux objets et aux meubles. On conserve ainsi la solidité des éléments en rejoignant notre philosophie et intention première, redonner sa noblesse à cette propriété en ruines. On a donc dû composer avec le mariage de l’ancien et du contemporain”. C’est cette conjugaison subtile, ce mélange délicat et maîtrisé qui fait tout le charme des lieux.
Et quand on demande pour finir aux propriétaires, quel serait le mot de la fin, Claudie et Daniel nous répondent : “Moi je n’ai rien à apprendre à personne. Je ne veux pas épater, pas en mettre plein la vue. Notre travail réalisé ici est un peu comme notre hygiène de vie. Nous recherchons le sain car cela fait une vingtaine d’années que l’on fonctionne ainsi” conclut Daniel qui se réjouit qu’Internet véhicule aujourd’hui bien mieux l’information sur l’éco-restauration qu’il y a quinze ans, notamment via les réseaux sociaux. “Internet peut attirer l’attention de toutes les nouvelles générations et au fil du temps les choses changeront”.
Les choses changeront… et les Granges de Murel sont une première belle pierre à l’édifice de la restauration raisonnée, logique et écologique. Le respect d’une construction avec des matériaux de qualité, tout en alliant l’utilité à l’ergonomie des lieux.
Crédit photo © Muriel Cavanhac